À l´occasion du dévoilement du buste du savant équatorien, Pedro Vicente Maldonado, à Paris, la “Comisión Permanente de Conmemoraciones Cívicas” de la Présidence de la République de l´Équateur a édité en français cette publication, destinée à diffuser auprès des chercheurs, des étudiants ainsi que du grand public, les principales facettes de sa personnalité et de son œuvre.
Ambassadeur José Ignacio Jijón Freile Président de la Comisión Permanente de Conmemoraciones Cívicas de la République de l´Équateur
* Membre de l´Académie Équatorienne de la Langue Espagnole et de l´Académie Nationale de l´Histoire
La célébration des 250 ans de la mission historique accomplie par les Géodésiens français dans l´Audience Royale de Quito, au cours de la première moitié du 18è siècle, offre une occasion incomparable pour que des personnalités éminentes de France et de l´Équateur évoquent l´œuvre réalisée par ces missionnaires de la science. Avec le prestige reconnu qui entoure les participants de ce Colloque, professeurs, chercheurs réputés des milieux culturels de l´université et des académies nous rappellerons les noms de ces scientifiques et évoquerons leurs travaux accomplis dans les différents secteurs tels que: la géodésie, la géographie, l´astronomie, la physique, les sciences naturelles… et la formidable documentation réunie sur une région jusqu´alors presque inconnue par les milieux scientifiques européens.
Telle était la noble ville, juchée à 2830 mètres au dessus du niveau de la mer, à 22 km au sud exactement de la ligne équatoriale, détail géographique qui détermina le choix fait par l´Académie Royale des Sciences de Paris pour recevoir la mission des Académiciens français.
C’est ainsi que se termine cette extraordinaire aventure des deux scientifiques. Ils renoueront ensuite leurs relations à Paris. En effet, de Lisbonne, Maldonado part pour Madrid, où le Conseil des Indes lui concéda le gouvernement d’Esmeraldas, avec une belle rentre de 4.600 pesos par an, payables sur les recettes du nouveau port d’Atacames. Non seulement le Roi Fernando VI lui confirma les résolutions de l’Audience de Quito, mais il lui accorda également les titres de «Chevalier de la Clé d’Or et Gentil Homme de Sa Majesté Catholique». Pedro Vicente obtint en outre le marquisat de Lises pour son frère Ramón. De Madrid, Maldonado passa en France, visita les Pays Bas, toujours mû par le désir d’améliorer ses connaissances… Mais sa plus grande joie, sans doute, et les jours qui devaient le plus marquer sa vie furent ceux de 1747, lorsqu’il retrouva La Condamine, qui était rentré deux ans plus tôt, à Paris. Le Français se comporta de façon admirable, il l’accueillit affectueusement, le présenta à l’Académie des Sciences où il fut reçu comme Membre Honoraire, le 24 mars 1747. Privilège qu’aucun colon américain n’avait reçu jusqu’alors.
J’ai rappelé que La Condamine, en se séparant de Maldonado à Pará, fit route vers la Guyane Française. Les longs mois (février-novembre 1744) passés à Cayenne furent pour La Condamine parmi les plus actifs et bénéfiques pour ses recherches et ses expérimentations. Il en profite pour réaliser de nombreuses expériences de physique comme celles sur le pendule ou la vitesse du son; il a apporté ses semences de quinquina de Loja et des échantillons de plante, telles que le Curare qu’il a vu utiliser par les aborigènes avec leurs flèches empoisonnées… Il a réuni une extraordinaire documentation sur les travaux de l’expédition qu’il emporte maintenant en France. Sans oublier qu’il a commencé à Cayenne le tracé de sa carte du bassin amazonien; carte de grande valeur que l’on peu encore utiliser aujourd’hui. D’après ce que l’on a dit: «À elle seule, elle justifie amplement le voyage de La Condamine».
Même après la mort de son ami, La Condamine s’est occupé de lui. Après avoir évoqué les circonstances de sa mort à Londres et l’aide qu’il reçut, particulièrement de M. de Montaudoin, Français, il signale que les amis de Maldonado: «mirent son sceau sur les effets du défunt et m’envoyèrent, selon sa volonté, les clés et son porte-documents personnel. Maldonado avait laissé à Paris -écrit l’Académicien- deux caisses pleines de schémas et de modèles de machines, ainsi que des instruments aux diverses fonctions qu’il projetait d’emmener dans sa patrie où il avait décidé d’introduire le goût des Sciences et des Arts». Malheureusement, les effets de notre compatriote, ainsi que ses cendres à Londres, ont disparu pour toujours, rendant une telle perte encore plus sensible.
Voir aussi du même auteur: