“…,cómo no recordar el nombre de Clemente Ballén de Guzmán, ciudadano ecuatoriano condenado a muerte por la Gestapo por su participación en la Resistencia Francesa y que, salvado afortunadamente, termina su vida en Francia lleno del aprecio por mis compatriotas.”
François Gauthier, Ambassadeur de France en Équateur (1)

Claude Lara

«Lors de l´exposition bilingüe (espagnol-français): “Conmémoration du 50e anniversaire de la visite du Général De Gaulle en Équateur” présentée à la gallerie Gangotena-Michaux de la l´Alliance Française de Quito, du 16 septembre au 10 octobre 2014, les différents exposants: madame Hélène Bekker, Déléguée  Générale de l´Alliance Française de Quito; le docteur Iván Torres, son Président; François Gauthier, Ambassadeur  de France en Équateur; Monsieur Serge Bardy, Député français ont disserté sur plusieurs facettes de cette commémoration:

“-L’impact des voyages du Général de Gaulle, en 1964, en Amérique latine et dans le monde;

-Les liens entre la France et l’Équateur durant la Seconde Guerre Mondiale à travers le prisme de la résistance équatorienne et du soutien de l’Équateur à la France libre, avec des personnalités comme Clemente Ballén de Guzmán, Alfredo Gangotena et José María Velasco Ibarra (voir annexe 1: 14 juillet 1944 Fête civique équatorienne);

-Un regard sur les conséquences de la visite du Général de Gaulle dans les relations diplomatiques entre la France et l’Équateur;

-Un moment marquant de l’amitié franco-équatorienne à travers la culture et la politique” (2);

    Cette exposition a rendu hommage a une personnalité exceptionnelle, Clemente Ballén de Guzmán, dont les biens ont été confisqués et qui fut condamné a mort par le Tribunal militaire allemand le 3 juin 1942,  pour intelligence avec l´ennemi.
    Cependant cette peine a eté commuée par le Maréchal Wilhelm Keitel, Commandant suprême de l´État-major allemand: “En vertu des pouvoirs qui lui ont été conférés par le Fuhrer…, en une peine de douze ans d´emprisonnement”.  Rappelons que le 8 mai 1945 à Berlin, ce Maréchal présida la délégation nazi lors de la capitulation allemande.  Et au procès de Nuremberg, il fut condamné à mort “pour plan concerté ou complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité pour son rôle prépondérant dans la guerre d’extermination à l’Est et est pendu” (3).

A. Darío Lara dans son livre: Clemente Ballén de Guzmán- un notable condenado a muerte por la Gestapo a révélé aux Équatoriens cette notabilité, non seulement en tant que déporté-résistant, recevant le 10 décembre 1945 la Croix de Guerre 1939- étoile vermillon ainsi qu´officiellement ce titre le 22 juillet 1952, mais aussi comme: “grand patriote”, intellectuel, écologiste, animateur de sociétés locales: “La Voix de la Forêt”, “Les Amis de la Forêt”, Président du SyndicaT d´iniciative,  (voir annexe 2).

Dans cette recherche nous avons traduit la note de présentation du livre déjà cité de A. Darío Lara et, grâce à la traduction de Nicole Fourtané (4) de l´épilogue de Sixto Durán Ballén -un proche parent-,  qui a commenté sa correspondance, nous connaîtrons mieux sa famille et les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale. Et pour la première fois, il nous semble, nous reproduirons les différents jugements militaires allemands sur sa condamnation et la réduction de sa peine.

(4) Nous tenons à remercier très chaleureusement Nicole Fourtané pour cette nouvelle collaboration à notre blog.

>NOTE DU LIVRE DE A. DARÍO LARA (5)

Du fait de la parution d´une courte page dans la revue «Vistazo» N° 688 du 25 avril 1996, certains lecteurs qui ont pu connaître le nom de Clemente Ballén de Guzmán, intéressés par un fait si inattendu, n´ont cessé de me demander: comment êtes-vous arrivé à connaître un fait totalement inconnu? Je n´ai pas donné plus de détails. Aujourd´hui je crois qu´il est nécessaire de donner plus d´informations et comme on le verra, rien n´a été facile.

  Durant les cours d´été de l´année 1948 que je suivais au King´s College de l´université de Londres, entre des centaines d´étudiants venus de plus de quatre-vingts pays, en quelques mois, je me suis lié d´amitié avec une jeune allemande Eldine E… qui était très intéressée aux problèmes de l´Amérique latine. Cette amitié s´est prolongée grâce à quelques cartes de Noël et de Nouvel An, et plus encore lorsqu´ en 1949 nous nous sommes retrouvés en suivant les mêmes cours. Tout paraissait donc terminé.

Les années passèrent lorsque je travaillais déjà à l´ambassade de l´Équateur à Paris. Vers 1960, Eldine m´annonça qu´elle viendrait à Paris en voyage de noces et qu´elle désirait me présenter son jeune époux. Il m´a été agréable de les recevoir, de m´occuper d´eux et de passer en leur compagnie quelques heures de franche amitié. Le jeune allemand Johan-Alexander G…, qui grâce à Eldine  connaissait mon nom et ma nationalité, m´informa qu´il travaillait aux archives de la dernière guerre et qu´un des documents attira son attention, du fait qu´il se rapportait à un certain citoyen équatorien. Il ne me donna pas plus de détails, mais il m´offrit la possibilité de m´envoyer une copie de ce document. Quelques mois plus tard il tînt son engagement et sur mon bureau arriva le fameux «Dossier de Clemente Ballén de Guzmán, condamné à mort par le Tribunal militaire allemand, le 3 juin 1942», document en allemand, fait à Berlin, le 31 janvier 1946.

Mon ancienne élève, par la suite Secrétaire administrative de notre ambassade, Katy Marchal, résidente à Strasbourg se chargea de la traduction en français de ce document avec un professeur d´allemand. Ce fut facile pour moi de le traduire du français à l´espagnol et de rédiger l´étude que je présente. Comme on pourra le constater: «une coïncidence qui a toujours un antécédent et un destin».

A.Darío Lara
Le Chêne aux Dames
Août 2006

(5) A. Darío Lara: Clemente Ballén de Guzmán –un notable guayaquileño condenado a muerte por la Gestapo. Crear Gráfica editores, Quito-Ecuador, 2007; pp. 9-10.

Pour mieux comprendre et apprécier la personnalité de Clemente Ballén de Guzmán nous avons décidé de présenter l´épilogue écrit par Monsieur Sixto Durán Ballén, parent proche, et traduit par madame Nicole Fourtané.

CLEMENTE BALLÉN DE GUZMÁN, UN NOTABLE DE GUAYAQUIL CONDAMNÉ À MORT PAR LA GESTAPO DE A. DARÍO LARA (A)

Architecte Sixto Durán-Ballén C.

Président de la République (1992-1996)

Épilogue

Mon jeune ami, le ministre Claude Lara Brozzesi, de notre Service extérieur, de sa propre initiative et au nom de son père le Docteur A. Darío Lara, m’a demandé, en raison de mon lien de parenté avec Clemente Ballén de Guzmán, d’ajouter un épilogue à l’étude que ce livre présente sur cet Équatorien illustre mais oublié. Très honoré par cette demande, j’ai accepté, je dois le reconnaître, avec un certain sens de l’obligation mais, après avoir pris connaissance de son texte et révisé la correspondance et la documentation variée aux mains de plusieurs membres de ma famille, j’ai préparé ces notes avec beaucoup d’enthousiasme, convaincu que Messieurs Lara présentent au pays une facette de notre Histoire totalement inconnue (1).

Normalement un épilogue est un complément, généralement analytique, de l’œuvre en question, mais dans ce cas-ci j’ai pensé qu’il devait être un complément informatif sur mon «parent».  Mais commençons para éclairer ce que je viens d’écrire: mon parent.

Il y eut trois Clemente Ballén:
1°- Clemente Ballén de Guzmán y Soler – Bogota (1807) – Guayaquil (1842).
2°- Clemente Ballén (de Guzmán) y Millán – Guayaquil (1828) – Paris (1893).
3°- Clemente Ballén de Guzmán y Woltér – Paris (1888) – Fontainebleau (1968).

Le Docteur A. Darío Lara nous rappelle que le second Clemente fut un des huit enfants du premier Clemente (fils du Docteur Nicolás Ballén de Guzmán y Riaño) ; une de ses filles fut Carmen Ballén qui épousa mon arrière-grand-père Sixto Liborio Durán Borrero, ils eurent aussi à leur tour huit enfants : Sixto Ignacio Durán Ballén, le seul garçon, et sept filles, dont six se marièrent à Paris avec des citoyens de cinq nationalités européennes et une avec un Uruguayen ; la septième mourut célibataire. Sixto Ignacio épousa Isabel Romero Febres-Cordero, ils donnèrent la vie à huit enfants: Sixto, Enrique, Juan, Leticia, Clemente et Carmen.

Sixto Enrique épousa María Eugenia Cordovez Caicedo (mes parents); Sixto Alfonso, César Alberto † et Isabel Eugenia sommes leurs enfants. Un second mariage de mon père avec Margoth Araujo donna naissance à mon quatrième frère Diego Tomás. (J’ajouterai que mon fils Sixto Javier, à son tour, a un fils, Sixto Andrés, encore célibataire). Voilà notre lien de parenté.

Deux des frères Ballén (de Guzmán) Millán, Leonidas et Juan, avaient émigré au Pérou et Clemente en France. Peu avant de mourir, mon grand-père Sixto I. Durán Ballén demanda à ses fils de conserver le patronyme Ballén car, en Équateur, il avait disparu. Du fait que le troisième Clemente n’a pas eu de descendance, même avec les cousins Valdez Ballén, puisque Lucha n’a pas d’enfant et Ramón a eu trois filles, Magaly, Isabel et Pacífica †, il appert que lesdits membres de notre côté Ballén, en Équateur, furent les derniers à porter ce nom si prestigieux.

Quand, en 1962, comme fonctionnaire de la Banque Interaméricaine de Développement (BID), j’ai passé plusieurs semaines en mission au Pérou, notre parente María Luisa Ballén de Beltrán m’a fait rencontrer lors d’un déjeuner très agréable trente-deux membres de cette branche. Par pure coïncidence, quand mon père Sixto Enrique était ambassadeur d’Équateur à Panama, son cousin Pablo Ballén exerçait la même fonction en représentation du Pérou.

Suite à la révision de plusieurs documents et la lecture de quelques lettres, j’ai tiré les informations suivantes qui obligeront le Docteur Lara à apporter quelques précisions, par exemple, Clemente Ballén de Guzmán Voltaire et sa sœur María Luisa Ballén de Valdez (Paris, 1884-Quito, 1974) sont réellement Woltér et non Voltaire (B). D’après son inscription à notre Consulat de Paris, il n’est pas né à Guayaquil mais à Paris, ainsi que l’on le lit dans l’inscription au Registre civil de Guayaquil: «… en la ville de Paris, le 26 octobre 1888, à deux heures de l’après-midi est né un enfant qui est le fils légitime de don Clemente Ballén de Guzmán et de Magdalena Woltér à qui on a donné le nom de Clemente Evaristo José Ballén de Guzmán Woltér… cette déclaration de naissance est inscrite au Consulat de l’Équateur avec le numéro 3369». Clemente a probablement voyagé en Équateur pour la première fois soit lorsqu’il était adolescent ou soit même lorsqu’il était majeur, après le début de la guerre de 14, quand il vint à Guayaquil en mission pour la Croix Rouge française. Il a probablement effectué plus d’un voyage dans sa patrie.

Le troisième Clemente dut considérer que Ballén de Guzmán était le patronyme complet de son ancêtre paternel et c’est la raison pour laquelle il s’identifia ainsi.

La référence sur la stèle du Mausolée familial à madame «Ballén de Guzmán (?)», (décédée en 1933), pourrait concerner sa sœur Anita, née à Guayaquil, ou la mère de Clemente (C).

Une question m’assaille: à quelle fille fait allusion la mention «sa fille» dans l’invitation aux obsèques (1939) de l’épouse de Clemente? Il est sûr qu’il n’a pas eu de fille. Était-ce la fille de madame Louise Baugy de Ballén de Guzmán d’un mariage précédent? Ou Anita, sa demi-sœur, était-elle encore en vie? (D).

Le fait que l’on indique dans ladite invitation qu’elle a «reçu les sacrements de l’Église» nous informe qu’elle n’est pas morte comme on l’a raconté, mais d’une autre façon car une personne qui s’était suicidée n’avait pas cette possibilité à cette époque-là.

Dans les archives de ma cousine María Luisa Valdez de Cornejo (Lucha, Riobamba, 1921), j’ai eu accès à dix enveloppes: neuf d’entre elles contiennent des lettres écrites annuellement à sa famille et une autre qui contient une coupure de journal probablement envoyée avec une lettre qui se serait égarée. Les trois premières du 3-XII-1945, du 16-I-1946 et du 27-VIII-1946 envoyées à Rochester Minnesota, où vivait la sœur de Clemente, María Luisa, ont été rédigées par des tierces personnes à la demande de Clemente. Les autres du 26-XII-1947, du 29-XII-1947, du 3-VIII-1948, du 30-V-1949, du 18-X-1950 et la dernière du 14-V-1964 sont écrites par Clemente lui-même, toutes en français, avec une écriture et une rédaction très intelligibles, qui dénotent un être plein de bonté et d’une grande intelligence

La première des trois lettres écrites par des tiers, à la demande de Clemente, répond apparemment à un courrier que lui a écrit sa sœur María Luisa après qu’il a été libéré en Allemagne par les Alliés. Il s’agit d’une communication en termes très dramatiques qui non seulement révèle l’état de santé précaire de Clemente mais aussi la dureté de la vie en France après la Libération.

Au début il indique la joie de se voir à nouveau dans un endroit chaud (il se réfère au chauffage) et bien alimenté, car il est dans un sanatorium, dans un lieu très pittoresque, d’avoir retrouvé de vieux amis et d’avoir fait la connaissance de nouveaux. Il raconte le voyage depuis Meudon en train, un long voyage d’une distance de plus de 1 100 kilomètres. Il est arrivé très fatigué et pour comble, en raison de l’heure, le terminal ferroviaire était fermé, ce qui supposa un temps supplémentaire pour récupérer les valises. Bien qu’il utilise des cannes (des béquilles?), il perd l’équilibre facilement en raison de la faiblesse de ses jambes. Il redoute une chute, qui pourrait avoir de graves conséquences.

Mme Mariane Trianon qui écrit ajoute que son rétablissement sera très long en dépit des «progrès de la médecine moderne».

Il est content d’être revenu, vu le grand nombre de prisonniers qui ne sont pas rentrés. Il note qu’il a vu Lola (Aspiazu?) qui pourrait attester du mauvais état dans lequel il se trouve.

Il ressort de la lecture de la deuxième lettre que son état de santé continue à être très délicat; il a dû revenir au sanatorium (il n’indique pas lequel); il fait référence à un voyage (il ne dit pas où, peut-être se réfère-t-il au retour de sa prison) qui a occasionné une grande fatigue, il se considère comme revenu de la mort! Il se plaint d’avoir été rejeté par beaucoup d'»amis» connus; d’où la qualification d’hypocrites.

La troisième lettre signée par une personne autre que la précédente (on peut lire «Mariane Trianon» comme la première) remercie sa sœur María Luisa pour l’envoi de Rochester (où le docteur Cornejo (E) effectuait un stage médical à la Clinique Mayo) d’une brosse à dents et de savons, étant donné la situation difficile en France en raison du rationnement après la guerre et il loue la qualité des savons américains. Il commente qu’il est revenu à Fontainebleau et porte à la connaissance du gendre de celle-ci le docteur Cornejo qu’il ne souffre ni d’asthme ni de bronchite mais qu’il se fatigue beaucoup, surtout à cause des «heures régulières» qu’il effectuait dans un travail mal payé (non spécifié). Il souhaiterait aller mieux pour avoir un meilleur emploi car il n’a pas l’âge pour prendre sa retraite.

Il l’informe qu’il doit aller à l’hôpital occasionnellement car il a de nombreuses douleurs aux extrémités mais il ajoute qu’il prend tout cela avec sérénité.

Il adresse la quatrième lettre, la première écrite de la main de Clemente, à ses neveux Ramón Valdez Ballén (Guayaquil, 1916-Quito, 1992) et à son épouse Isabel à New-York du Sanatorium du Vert Logis, Avon où il a dû revenir pour un séjour prolongé (il ne spécifie pas la durée).

Il prétend que deux lettres à sa sœur María Luisa (probablement les deux dernières citées) non pas reçu de réponse. Il fait des commentaires très affectueux sur l’arrivée de sa petite-nièce Magaly et il demande qu’on lui envoie des photographies.

Il note qu’il se sent bien mais «très diminué», il rapporte qu’il a retrouvé son emploi antérieur au Club de golf de Fontainebleau, où il s’occupe de diverses activités sportives et il mentionne qu’il est revenu à la pratique du golf.

La cinquième lettre du 21-XII-1947 apporte la nouvelle qu’il a reçu une lettre du ministre Vela Barona, de Bruxelles, qui, à la demande de la famille, fait une enquête sur sa santé. Il indique à ce sujet qu’il va «plus ou moins bien étant donné les huit années si compliquées et peu agréables» (il doit faire référence à la période du début de la guerre en 1939 à la date en question). Se référant au séjour aux États-Unis de sa sœur et aux visites qui en résultent à Washington et à New-York, il dit qu’il connaît très bien ces villes et il évoque une occasion où il a visité l’Ambassade de France dans la capitale américaine, située dans un édifice de type Louis XVI. Il se souvient également d’un hôtel très commode situé à l’angle de la 5e Avenue et de la rue 18 à New-York. Il lui recommande de visiter le Musée d’Histoire Naturelle à Central Park. Il félicite Ramón, son neveu, d’avoir intégré le service diplomatique de son pays. Préoccupé par sa famille, il lui demande des nouvelles de la santé de Magaly.
Il leur raconte qu’il est revenu à son ancien travail au club de golf de Fontainebleau, très absorbant et fatigant mais qu’il trotte entre le Sanatorium et le Club.
Il se réfère à la situation difficile que traverse la France avec de nombreuses grèves à caractère politique; il ajoute que la vie est très chère. Il se souvient que le voyage à Paris coûtait 50 centimes. Aujourd’hui, en 1947, il dit qu’il coûte 8 francs (approximativement 2 dollars), qu’il y a une grande pénurie d’aliments et de vêtements. Il mentionne qu’un imperméable vaut 18.000 francs («le prix d’une maison auparavant»).
Avant de conclure, il admet qu’il a de nombreuses douleurs aux jambes et à la poitrine mais il leur souhaite (à María Luisa, Ramón, Isabel et Magaly) un joyeux Noël et une bonne Année Nouvelle. En P.S. il leur demande si par hasard quelque parent ou ami pourrait lui envoyer un imperméable usagé (!).
Sur l’enveloppe de cette lettre, bien qu’il vive au Sanatorium, il indique comme adresse celle de M. Iván Renauch, 7 Rue Brileau, Paris 16 (probablement un ami ou un parent de sa défunte épouse).
La sixième lettre est écrite à sa sœur María Luisa à New-York et il lui raconte avec beaucoup de reconnaissance les visites de madame Carlota de Álvarez et de monsieur José Sotomayor, Équatoriens qui vivaient à Paris (à une heure de Fontainebleau), surtout l’amabilité permanente de la première qui lui a rendu visite avec d’autres Équatoriens à diverses reprises. Clemente demande si le ministre équatorien auprès du gouvernement de Vichy s’est préoccupé de lui. Il note que monsieur Sotomayor a trouvé qu’il ressemblait beaucoup à son cousin Sixto (mon père?). Il remercie María Luisa pour l’envoi de 20 dollars plus un colis de linge. Il leur rappelle à elle et à Ramón que lui, Clemente, a vécu 8 mois à New-York dans le seul hôtel français.
Dans la septième lettre, cette fois à Ramón, il s’étonne que sa sœur María Luisa ne lui ait pas répondu, mais il le remercie pour un nouvel envoi de 20 dollars. Il ajoute qu’il a diminué de 7 centimètres puisqu’avant il mesurait 1.93. Mais il ajoute qu’il récupère du poids, même si à l’hôpital, lors de son dernier bilan de santé, on lui a indiqué qu’il a une invalidité à 70 %. Mais il dit que pour aller à son travail (au Club de golf) il utilise une bicyclette ou une motocyclette «ce n’est pas mal pour un homme de 62 ans», car il ne peut pas acheter une auto et il les informe de sa satisfaction d’avoir connu le maréchal Montgomery lors d’une visite à Paris.
Dans la huitième lettre également à Ramón, il fait à nouveau référence à l’envoi de 20 dollars et d’un costume bleu qui lui va à merveille et qu’il a porté pour assister aux obsèques d’un vieil ami.
Il raconte qu’il a subi une seconde opération à la tête, qui s’est effectuée à l’hôpital militaire (il ne dit pas lequel), en raison d’un accident dû au fait qu’il s’est coincé dans les rails du tramway avec sa motocyclette. Il lui signale qu’il essaie de créer un office du tourisme et du sport (je me demande s’il y est arrivé). Enfin il parle du nouveau train électrique vers Paris qui réduit le voyage à 24 minutes.
Avec cette lettre, il a envoyé une photographie qui est publiée dans ce livre (F), il avait alors 62 ans ; je trouve qu’il a une ressemblance plus marquée avec son homonyme, mon oncle Clemente Durán Ballén, qu’avec mon père.
Dans ce que j’appelle la neuvième lettre à Bogota (il doit y en avoir d’autres dans la période intermédiaire car jusqu’en 1950 il semble qu’il écrivait chaque année, mais celle-ci est de 1964), il les informe qu’il est revenu à Saint Honoré, dans un appartement de 3 pièces (ce qui me fait supposer qu’il louait à d’autres personnes les autres chambres de sa villa). Il dit qu’il se sent très malade avec de l’arthrose et une grande faiblesse dans les jambes et qu’il est fatigué en permanence. (Comme adresse sur l’enveloppe il indique 2 rue Saint Honoré (G)).
Enfin il demande qu’on lui envoie un exemplaire du billet d’un sucre, émis en 1923 par la Banque commerciale et agricole de Guayaquil, avec le portrait de son père, car les «diables nazis» lui ont pris les trois qu’il avait. À l’extérieur de l’enveloppe, Ramón écrit à sa sœur Lucha: «cette lettre de l’oncle Clemente est pour toi… Donne-lui ton adresse à Quito, bises, ton frère Ramón» (juin/27/1964).
Quand le gouvernement du président Velasco Ibarra tombe, en 1961, le président Carlos Julio Arosemena nomme le docteur Leonardo Cornejo ambassadeur en Allemagne. Avec son épouse Lucha et sa belle-mère, María Luisa Ballén de Valdez, ils partent à Bonn, la capitale allemande à ce moment-là. Quelques mois plus tard au printemps 1962, tous trois se rendent à Fontainebleau en voiture, ils y arrivent au bout de trois jours et là les deux frères se rencontrent; nous pouvons imaginer la scène au bout de 46 ans! Ils ne se retrouvèrent que cette unique fois car l’année suivante un nouveau changement de gouvernement motiva leur retour en Équateur. Ce fut l’occasion pour Lucha de connaître son oncle et la seule fois dans toute sa vie où elle se trouva en sa compagnie.
Son frère Ramón, lorsqu’il vint en 1966 à la Foire de Berlin avec la délégation de la CETURIS, profita du voyage pour rendre une visite de deux jours à son oncle Clemente à Fontainebleau avant de rentrer au pays. Son épouse et ses trois filles n’ont jamais connu Clemente. Sa fille, Isabel Valdez Cornejo de Escala, désireuse comme moi d’élargir les connaissances sur notre parent, a contribué en grande partie à cette recherche et a entretenu une correspondance à ce sujet avec le Docteur A. Darío Lara. Nous lui devons l’obtention de la plupart des informations que je consigne dans ces lignes.
Pour ma part, je remercie mes amis Lara, père et fils, d’avoir présenté à nos concitoyens cette étude sur un membre éminent de notre famille.

Quito, abril 2007.

Architecte Sixto A. Durán-Ballén C.
Président de la République (1992-1996)

(A) Idem. Nota 5; pp. 145-157.

(1) Pendant mon mandat présidentiel, le gouvernement national a décoré le Dr. Lara de l’Ordre national de San Lorenzo, au grade de Commandeur, par le biais du décret N. 2.165 du 30 septembre 1994, dont la copie est jointe en appendice de cet épilogue, idem nota 5 p. 157.
C´est la seule note de M. Sixto Durán-Ballén et nous remercions celles qui ont été ajoutées par Nicole Fourtané.
(B) Note de la traductrice: Cette erreur que répercute A. Darío Lara p. 20 de son livre est due à la transcription erronée du nom alsacien Woltér selon Rodolfo PÉREZ PIMENTEL dans Diccionario Biográfico del Ecuador.
(C) Note de la traductrice: Cette référence renvoie à la p. 64 du livre de A. Darío Lara où l’auteur énumère les noms des personnes figurant sur la stèle du Mausolée familial. Anita est la demi-sœur de Clemente Ballén de Guzmán. Fille de Clemente Ballén y Millán, elle est née à Guayaquil mais sa mère est inconnue. Elle est venue en France au moment où son père s’y est installé vers 1875 et exerça la fonction de Consul général de l’Équateur à Paris. Anita épousa un banquier (pp. 13-14, idem note A).
(D) Note de la traductrice: Ce point renvoie au faire-part de décès de l’épouse de Clemente Ballén de Guzmán, Louise, dont la reproduction figure à la p. 34 du livre et qui est retranscrit p. 35. L’allusion à son suicide figure dans la déclaration de Clemente au Tribunal militaire de la Wehrmacht en 1942 (pp. 33-34, idem note A).
(E) Note de la traductrice: Le docteur Cornejo est le gendre de la sœur de Clemente, il a épousé sa fille María Luisa (Lucha) Valdez Ballén.
(F) Note de la traductrice: La photographie en question se trouve à la p. 154, idem nota A
(G) Note de la traductrice: Ce numéro est en contradiction avec celui qu’il déclare au Tribunal militaire: 1 rue Saint-Honoré et que mentionne A. Darío Lara à plusieurs reprises, citant même des en-têtes de lettres signées de l’intéressé (p. 34, p. 50, p. 67, p. 78, p. 79, p. 92, p. 93, p. 116, idem note A). Avait-il déménagé?

Annexe: REMISE DE L´ORDRE DE SAN LORENZO À DARÍO LARA

N° 2165-A
SIXTO DURÁN BALLÉN
PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE

CONSIDÉRANT:

Qu´en août 1809, les patriotes de Quito ont créé l´ORDRE DE SAN LORENZO, destiné à récompenser les services extraordinaires faits à la République au nom de la liberté et de la fraternité des peuples;

Que le Docteur Darío Lara s´étant illustré comme éducateur, historien, homme de lettres et qu´il a été pendant plus de 50 ans le plus grand promoteur de la culture équatorienne à  Paris, non seulement à travers ses publications et ses recherches historiques, mais ausi comme professeur de littérature hispano-américaine  et équatorienne des Universités Catholique et de Paris-X Nanterre de la capitale Française.

Que c´est la volonté du Gouvernement national de manifester son attachement  à l´éminente personnalité du Docteur Darío Lara, ainsi qu´à son œuvre extraordinaire en faveur de la diffusion de la culture de l´Équateur.

Conformément aux décrets numéros 737 du 29 avril 1968, publié au journal officiel n° 387 du 29 mai 1968, et 104 du 16 juillet 1970, publié au journal officiel n° 45 du 25 août 1970, à travers lesquels est réglementé l´octroi de l´Ordre National de San Lorenzo.

DÉCRÈTE:

Art. 1° Décerner la décoration de l´Ordre National de SAN LORENZO au grade de COMMANDEUR au Docteur Darío Lara.
Art.  2° Charger le Ministre des Affaires Étrangères de l´exécution du présent décret.< Fait à Quito, au Palais National, le 30 septembre 1994 Sixto Durán-Ballén
Président de la République

Diego Paredes Peña
Ministre des Affaires Étrangères

    Une fois ces précisions apportées, nous transcrivons maintenant les différentes pièces du: “Dossier Clemente Ballén de Guzmán condamné à mort par le Tribunal militaire allemand”.

Documents:
Le Conseiller du Tribunal Militaire auprès du Commandant des Forces Militaires en France
TRIBUNAL DU COMMANDEMENT DE CAMPAGNE 680 1/132/1942
JUGEMENT MILITAIRE AU NOM DU PEUPLE ALLEMAND
    Dans l´affaire contre Clemente Ballén de Guzmán, habitant  FONTAINEBLEAU, 1 rue ST HONORÉ, incarcére depuie le 29.05.42 à la Maison d´arrêt de la Wehmacht à FONTAINEBLEAU, né la 21.11.1888 en ÉQUATEUR, au motif d´intelligence avec l´ennemi et autre.
    Le Tribunal Militaire de Campagne réuni le 3.6.42 à MELUN et composé de:
Conseiller du Tribunal Militaire SCHULTZ menant les débats,
Capitaine ILLERT et Sergent ROEMER assesseurs,
Conseiller du Tribunal Militaire DYCMANS pour la défense,
Inspsecteur à la justice des Armées HATESUR.

    Le Tribunal a reconnu:

    L´accusé est condamné à mort pour intelligence avec l´ennemi du fait d´avoir produit et distribué des tracts, d´avoir propagé des informations hostiles à l´Allemagne et d´avoir incité l´armée à la corruption.

    Les biens de l´accusé sont saisis.

MOTIFS:
    L´accusé Clemente Ballén de Guzmán est né en ÉQUATEUR le 23.10.1888 et habite FONTAINEBLEAU, 1 rue ST HONORÉ. Il est de nationlaité équatorienne, sans profession, n´a d´ailleurs jamais appris aucun métier, il était marié, sa femme s´est suicidée en décembre 1939. Depuis l´âde de 2 ans, il se trouve en FRANCE où son père, aux dires de l´accusé, était Consul Général d´ÉQUATEUR À PARIS. Il n´a jamais été condamné.  Il est incarcéré depuis le 29.5.42.
    L´essentiel des débats se résume ainsi:
    Au printemps de 1941, l´accusé a fait la connaissance chez une certaine Mme. VITOU à FONTAINEBLEAU, de l´ingénieur BAUCHLER. Celui-ci était en possession de plusieurs tracts  dactylographiés. Le contenu de ces tracts était sensiblement le même que celui de ceux qui se trouvent classés avec les pièces à conviction et qui ont été lus en traduction allemande. L´Accusé s´est fait remettre par BAUCHLER une de ces feuilles qu´il a reproduite deux fois avec la machine à écrire en 5 ou 6 exemplaires. Il a donné les copies à BAUCHLER qui, aux dires de l´accusé les a distribués.
    Depuis l´automne 1941, l´accusé écoutait la radio anglaise plusieurs fois par semaine. Il reproduisait sur des tracts en 4 ou 5 exemplaires dactylographiés les annonces mensongères et les rumeurs hostiles à l´ Allemagne propagées par cet émetteur et les distribuait aux Français.

    Ces tracts dont le contenu était plus ou moins le même à chaque fois, portaient diverses signatures.

    Le premier était signé ‘Les petites ailes de FRANCE’, le second ‘Résistance’; il donne au troisième le titre d´un tract qu´il avait trouvé dans sa boîte aux lettres et qui était intitulé ‘L´antiboche perfectionné’. Ce tract contenait entre autre ce qui suit:

    “Les troupes qui reviennent de RUSSIE prennent en moyenne 6 semaines de repos en FRANCE, profitez de ce fait, si vous connaissez des soldats allemands, démoralisez-les par tous les moyens posibles”.

    “Attention, la ligne de démarcation est actuellement renforcée, n´entreprenez que peu de passages, en revanche, on entre presque librement en ALSACE”.

    “Lorsqu´en FRANCE, on discute de la RUSSIE avec des Allemands, on peut entendre certains officiers dont la moral est bas, dire qu´on les envoie à la mort”.

    “Dans certains hôpitaux parisiens, il y a beaucoup de malades de retour de RUSSIE, choquée nerveusement ou à moitié déments, devant lesquels on ne même plus prononcer le nom de ce pays”.

“Dans une gare de PARIS, on a vu des wagons fermés et plombés, dans lesquels se trouvaient les cadavres de personnes qui revenaient d´un centre de renfort pour la RUSSIE et qui ont été fusillées pour rébellion”.

    “Les trains en ALLEMAGNE sont dans un tel mauvais état, en partie en raison de la persistence du mauvais temps mais aussi à cause de la densité du trafic férroviaire qui a décuplé, à tel point que le trajet du voyage à partir de la frontière française  jusqu´aux lignes reculées du front russe (côté allemand) dure environ six semaines.

    “L´hiver en ALLEMAGNE était tellement dure qu´il a fallu atteler des chevaux pour tirer les camions, la qualité exécrables de l´essence synthétique ne supportant pas les basses températures”.

    “Les troupes qui reviennent de RUSSIE sont fortement démoralisées; à l´arrêt dans les gares il est fréquent de voir qu´on retire des voitures-hôpital 15 à 20 cadavres, de plus les pertes journalières se montent à 15-2000 tués, ce qui secoue fortement la population boche”.

    “Notre but est d´encourager à la résistance, de relever le moral de ceux qui se laissent aller… de rassembler des amis… aidez-nous, communiquez votre (illisible) à vos mais proches, ils se rallieront à nous”.

   Le tract conclut avec ces mots: “On les aura les boches”.

    Ces tracts qu´il avait confectionnés, il les distribuait dans la rue et en jetait également quelques-uns dans les boîtes aux lettres. Il en donna un à une de ses connaissance: René MICHEL. Il n´a pas pu être établi à quelle date cela s´est produit. L´accusé pense que c´était en février 1942, mais MICHEL est plutôt d´avis que cela s´est passé il y a deux mois ou deux mois et demi.

    Ces constatations ont été faires sur la base des affirmations de l´accusé, des déclarations du témoin MICHEL et du tract dont le résumé a été porté à connaissance lors des débats et dont l´accusé s´est déclaré être l´auteur. Il n´a pas pu être constaté si l´accusé avait aussi fabriqué voir distribué le tract que le secrétaire de police TUCHEL  a lu, en tant que témoin, lors des débats. L´aide policier KORF, également pris à témoin, n´a rien ajouté d´essentiel.

    L´accusé a invoqué pour sa défense, qu´il avait confectionné et distribué les tracts uniquement par bêtise et qu´il ne savait pas qu´en agissant ainsi il aidait les puissances ennemies et qu´il portait préjudice à l´armée du REICH.

    L´accusé semble cependant assez avisé, d´après son niveau d´instruction et selon l´impression qu´il a donnée lors des débats, pour realiser quelles conséquences la distribution de ces tracts pouvaient avoir sur la population.

    Le Tribunal a par ailleurs constaté, sans aucun doute posible, que le but de l´accusé, en distribuant ces tracts, était de semer la discorde entre les Français et les troupes d´occupation, de fortifier leur volonté de résistance et de les inciter à se rapprocher des soldats de la Wehrmacht afin d´altérer leurs sens de la discipline, il a constaté également que l´accusé était conscient des conséquences certaines du tort qu´il causait à la Wehrmacht.

    Quant aux motifs qui pouvaient le pousser à agir ainsi, ils sont sans objet.

    L´accusé est par conséquent coupable, au premier chef, d´intelligence avec l´ennemi du fait d´avoir entrepris de porter prejudice aux armées du REICH lors d´une guerre contre les puissances enemies.

    L´accusé est aussi coupable d´avoir transgressé l´interdit de confectioner et de distribuer des tracts ainsi que d´avoir propagé des informations radio hostiles à l´ALLEMAGNE et d´avoir commis en même temps le crime de démoralisation

   Si l´accusé a comencé à produire les premiers tracts au printemps 41 et il a commencé à écouter les émetteurs anglais qu´en février 41 et s´il n´est devenu actif qu´en février 42, le Tribunal a tout de même admis que ses agissements étaient une suite d´actes homogènes et progressifs.

    Au début,  l´accusé a suivi ses impulsions pour aigir ainsi, il a par la suite, rassemblé du matériel qu´il a rentabilisé.

    Par ailleurs, il ressort que l´accusé a agi ainsi à dessein.

   L´acusé doit être puni en vertu du droit allemand et des dispositions pénales en vigueur en territoire occupé.

   Le Tribunal a requis la peine de mort pour intelligence avec l´ennemi aux motifs que la propagande que l´accusé faisait au moyen de tracts pouvait, à sa façon, être particulièrement dangereuse et avoir de lourdes conséquences, d´autant que la population française est particulièrement influençable par les informations d´émetteurs anglais que seule l´application, en pays ennemi, des peines les plus sévères pourra servir en matière de dissuasion.

    Le Tribunal a également prononcé selon le & 93, la confiscation des biens de l´accusé.

Certifié véritable, le 3 juin 1942.

Signé: HATESUR

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MELUN, le 3 juin 1942

Le Tribunal du Commandement de Campagne 680 au Commandement des Forces Militaires en FRANCE à PARIS.

Deux copies du jugement pour décision quant à la conformation du verdict.
Je propose de confirmer le verdict.
Signé: illisible.
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Le Conseiller du Tribunal Militaire
devant le Commandement des Forces Militaires en FRANCE
B.A.L. 329/42
PARIS, le 4 juin 1942
EXPERTISE EN DROIT

    Affaire contre Clemente Ballén de Guzmán de FONTAINEBLEAU condamné pour intelligence avec l´ennemi et autre.

(Jugement du Tribunal de la Feldkommandatur 680 à Melun DU 3.6.42.)

Il ne subsiste aucun doute quant a la légalité de la procédure judiciaire, à la constatation des faits, à la reconnaissance du droit et à la portée de la peine.

En particulier, les déclarations du défenseur de l´accusé n´ont rien apporté qui puisse altérer le jugement rendu.

La question se pose cependant de savoir s´il s´avérait nécessaire de procéder à la confiscation des biens ou s´il ne valait pas mieux confier à une autre juridiction le soin de prendre ces mesures. Dès lors que le jugement a ordonné ces mesures, je ne vois pas de motif valable pour procéder à l´abrogation du jugement rendu.

    Une éventuelle décision de grâce serait sans fondement.

    En conséquence, je propose de:
1)    confirmer le jugement rendu,
2)    ordonner immédiatement sa peine application.

Signé: illisible.

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Le Conseiller du Tribunal Militaire
Auprès du Commandement des Forces Militaires en FRANCE
PARIS, le 5 juin 1942

Du Tribunal de l´administration en chef des Forces Militaires du District à ST GERMAIN

Au Tribunal de la Feldkommandatur 680 à MELUN

Concernant l´affaire contre Clemente Ballén de Guzmán, je vous fait parvenir une copie du jugement avec les dispositions prises ce jour pour confirmation.

Le Conseiller auprès du Tribunal Militaire du REICH.

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PARIS, le 5 juin 1942
Le Commandant des Forces Militaires en FRANCE
Au Haut-Commandement de l´État-major

Clemente Ballén de Guzmán, de nationalité équatorienne, né le 21.11. 1888, à Guayqquil en Équateur, a été condamé à mort par le jugement du Tribunal de la Feldkommandatur 680du 3.6.42, pour      intelligence avec l´ennemi du fait d´avoir produit et distribué des tracts interdits, d´avoir propagé des informations hostiles à l´ALLEMAGNE et d´avoir incité les forces armées à la corrruption, ses biens ont été confisquées selon le &93 RstGB (Bl. 16ff.d.A.).

    J´ai confirmé ce jugement aujourd´hui même et suspendu l´exécution jusqu´à une décision relative à une demande de grâce.

    En accord avec le Président du Tribunal, je m´oppose à toute mesure de grâce car j´estime nécessaire l´exécution du jugement pour des raisons militaires.
    S´agissant toutefois d´un membre d´une famille sud-américaine connue, fortunée et visiblement influente, il faudra éventuellement s´attendre à des représailles contre des ressortissants allemands dues en particulier à la confiscation des biens de l´intéressé. De ce fait, il subsiste des considérations politiques qui peuvent s´opposer à l´exécution immediate du verdict rendu.
Le Commandant des Forces Militaires en FRANCE.
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DÉLÉGATION GÉNÉRALE
DU
GOUVERNEMENT FRANÇAIS
DANS LES TERRITOIRES OCCUPÉS
6 juin 1942
NOTE VERBALE
L´Ambassadeur de France, Secrétaire d´État auprès du Chef du Gouvernement, Délégué Général du Gouvernement Français dans les Territoire Ocuupés, a l´honneur d´attirer la bienveillante attention de Monsieur le Général, Commandant en Chef des Forces Militaires allemandes en France, sur la condamnation à mort qui vient d´être prononcée par le Tribunal  Militaire de la Seine et Marne, contre M. Clemente Ballén de Guzmán.
M. Clemente Ballén de Guzmán, qui est de nationalité équatorienne, est un homme très honorablement connu et estimé de tous ceux qui l´ont approché. Habitant Fontainebleau, depuis de longues années, il était Président de la Société des Amis de la Forêt de Fontainebleau.
Menant une existence toute mondaine, il était à l´écart de la vie politique; il n´a pu comprendre les conséquences sévères qui pouvait entraîner la propagation de tracts, ayant conservé une certaine candeur d´esprit.
Son exécution ne manquerait pas de soulever une profonde émotion.
Dans ces conditions, l´Ambassadeur de France, Secrétaire d´État auprès du Chef du Gouvernement, Délégué Général du Gouvernement Français dans les Territoires Occupés, a l´honneur de solliciter instamment de Monsieur le Général, Commandant en Chef des Forces Militaires allemandes en France, que soit commuée la sentence de mort pononcée contre l´intéressé.
Sceau: Le Délégué Général du Gouvernement Français
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MELUN, le 9 juin 1942
Le Tribunal de la Feldkommandatur 680
Au Commandant des Forces Militaires en FRANCE
Pour décision

Ci-joint: demande de grâce motivée

Document soumis pour décisión quant à la confirmation du verdict et suite à donner à la demande de grâce déposée par l´accusé.

Le Conseiller du Tribunal Militaire.

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PARIS, le 11 juin 1942
Le Commandant des Forces Militaires en FRANCE
Au Haut-commandement de l´ÉTAT-MAJOR

    Suite à votre rapport du 5.6.42, je vous fait parvenir une demande de grace motivée.

    En accord avec le Président du Tribunal, je me prononce contre toute mesure de grâce étant convaincu que l´exécution du verdict est impérative pour des raisons militaires.

Le Commandant des Forces Militaires en FRANCE.

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Le Commandant d´État-major

NOTE

    Le ressortissant équatorien Clemente Ballén de Guzmán a été condamné à mort le 3.6.42 par le Tribunal de Campagne de MELUN pour intelligence avec l´ennemi du fait d´avoir produit et distribué des tratcs, d´avoir propagé des information hostiles à l´ALLEMAGNE et d´avoir incité les forces armées à la corruption.

    Les biens de l´accusé ont été confisqués.

Aux dires de Clemente Ballén de Guzmán, son père était Consul Général d´Équateur PARIS. Nous n´avons pas connaissance que l´accusé soit en famille avec l´Ambassadeur d´Équateur auprès du VATICAN.

Le verdict n´a pas encoré été exécuté. La demande de grâce est soumise au Commandant des Forces Militaires qui s´est prononcé, en accord avec le Président du Tribunal contre une mesure gracieuse

Signé: illisible.

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Paris, le 6 juillet 1942
Le Conseiller en Chef du Tribunal Militaire

auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

À l´Ambassade d´Allemagne à Paris

À l´attention de Major HUMMEL

Les documents concernant la demande de grâce transmise le 25.6.42. au Commandant des Forces Militaires en FRANCE pour décision ne nous sont pas parvenus en retour.

Le Conseiller en Chef du Tribunal Militaire

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Berlin, le 28 juillet 1942
Le Haut-commandement de l´ÉTAT-MAJOR
au Tribunal  de la Feldkommandatur 680
sous-couvert du Conseiller en Chef du Tribunal Militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

En vertu des pouvoirs qui lui ont été conférés par le Fuhrer, le Maréchal KEITEL, Commandant suprême de l´État-major a décidé le 20.7.42:

1) de commuer la peine de mort prononcée à l´encontre de l´accusé par le Tribunal de la Feldkommandatur 680 le 3.6.42, en une peine de 12 ans d´emprisonnement.
2) a ordonné:
a) que la peine d´emprisonnement soit appliqué
b) que le temps passé en prison à la suite du jugement ainsi que le temps accompli, en temps de guerre, dans l´attente du jugement soient pris en compte dans la durée de la peine.
    Prière de faire le nécessaire pour agir dans ce sens et de communiqué cette décision à l´accusé.
Signé: GUTZKE
——————————————————
Paris, le 4 août 1942
Le Conseiller en Chef du Tribunal Militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

P.J: un dossier

Soumis à:
1) M. Le Major BEUMELBURG V.O.F.R.               Paraphé
2) Service de Contre-espionnage en FRANCE          Paraphé
3) Section lc                                                               Paraphé
4) Section de la Propagande en FRANCE                 Paraphé
5) M. Le Major Dr. HUMM V.O.D.B                       Paraphé

Pour prendre connaissance et retour à l´envoyeur

Le Conseiller en Chef du Tribunal Militaire.
——————————————————–
Paris, le 5 août 1942
Le Commandant des Forces Militaires en FRANCE

NOTE VERBALE

Le Commandant des Forces Militaires en FRANCE
Au Plénipotentiaire du Gouvernement français
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE
à l´attention de M. SAINT

    La peine de mort prononcée à l´encontre de l´accusé a été commuée, par décision de grâce du 20.7.42, en une peine d´emprisonnement de 12 ans.

    Le temps passé en prison à la suite du jugement ainsi que le temps accompli en temps de guerre, dans l´attente du jugement soient pris en compte dans la durée de la peine.

P/le Commandant des Forces Militaires
Major (illisible).

pour information:
Section III. Les documents ont été transmis au service du contre-espionnage en FRANCE

——————————————————-
Berlin, le 3.12.42
Le Haut-commandement de l´État-major
au Conseiller en Chef du Tribunal Militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

concerne: mesure gracieuse à propos d´un ressortissant équatorien

Prière de nous faire connaître le lieu de détention de l´accusé
Signé: GUTZKE
——————————————————–
Paris, le 11 décembre 1942
Le Conseiller en Chef du Tribunal Militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE
au Tribunal de la Feldkommandatur 680 à MELUN

concerne: mesure gracieuse à propos d´un ressortissant équatorien condamné pour intelligence avec l´ennemie.

Dans l´affaire concernant Clemente Ballén de Guzmán, nous vous prions de bien vouloir nous faire connaître le lieu de la détention de l´accusé.

Signé: illisible.
———————————————————
MELUN, le 14 décembre 1942
Le Tribunal de la Feldkommandatur 680 à MELUN
au Conseiller en Chef du Tribunal
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

concerne: affaire contre le ressortissant équatorien Clemente Ballén de Guzmán condamné pour intelligence avec l´ennemie par le Tribunal de la Feldkommandatur 680 à MELUN le 3.6.42.

en référence à votre letrre du 11.12.42.
Le 4.8.42, le Procureur Général de la République auprès du Tribunal de COLOGNE, a été prié de faire exécuter la peine d´emprisonnement de 12 ans prononcée à l´encontre du prévenu, le chef de la Sûreté et le service de Sécurité du Commandant des Forces Militaires ont été sommés de procéder au transfert de l´accusé vers l´ALLEMAGNE.
Il n´a pas pu être donné suite à ces ordres du fait que le Dr. SCHMEIDLER, Conseiller en chef du Tribunal militaire auprès du Commandant des Forces Militaires a donné l´ordre, par téléphone, de maintenir le prisisonnier à FRESNES (prison militaire à Paris Section III).
Comme nous n´avons pas reçu jusqu´ici de confirmation écrite de cet ordre, nous vous prions de nous tenir informés de la suite à donner.
Le Conseiller du Tribunal militaire.
————————————————–
PARIS, le 18 décembre 1942
Le Conseiller en Chef du Tribunal
Au Tribunal de la Feldkommandatur 680

concerne: affaire contre le ressortissant équatorien Clemente Ballén de Guzmán

En référence à votre rapport du 14.12.42.
    Pour confirmer l´ordre donné en son temps, par téléphone, par le Conseiller en chef du Tribunal militaire SCHMEIDLER, nous vous prions, de laisser pour l´instant l´acccusé purger sa peine à FRESNES.
Le Conseiller du Tribunal militaire.
————————————————-
PARIS, le 18 décembre 1942
Le Conseiller en Chef du Tribunal
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE
au Haut-commandement de l´État-major à Berlin

concerne: mesure gracieuse de ressortissant équatorien Clemente Ballén de Guzmán

    L´accusé purge sa peine d´emprisonnement de 12 ans à FRESNES (prison militaire section III).
Le Conseiller du Tribunal militaire.
————————————————-
MELUN, le 30 décembre 1942
Le Tribunal de la Feldkommandatur 680
au Conseiller en Chef du Tribunal militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

concerne: affaire contre Clemente Ballén de Guzmán emprisonné à FRESNES

Prière de nous faire savoir si nous pouvons autoriser la famille de l´accusé à un droit de visite.
Clemente Ballén de Guzmán était condamné à mort, sa peine a été commuée, par mesure gracieuse, en une peine de 12 ans d´emprisonnement.
Le Conseiller du Tribunal militaire.
—————————————————
PARIS, le 20 janvier 1943
Le Conseiller en chef du Tribunal militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE
CONFIDENTIEL

concerne: affaire contre ressortissant équatorien Clemente Ballén de Guzmán

en référence à vos lettres du 14 et 30.12.42. et notre lettre du 18.12.42.

du Tribunal de ST. GERMAIN (District A)

au Tribunal de MELUN (Feldkommandatur 680)

1) du fait que le Maréchal KEITEL, dans sa décsion du 20.7.42, n´a pas ordonné que l´accusé purge sa peine dans une prison allemande sans aucun contact avec l´extérieur, celui-ci ne tombe pas sous les directives du & IX de la jurisprudence du 7.12.41. Vous pouver autoriser que ses proches aient un droit de visite.

2) selon les directives du & II de la decisión du 30.5.42, l´accusé doit à présent, sauf contrordre, être conduit dans une prison en Allemagne.
Nous vous tiendront informés de la date et du lieu de transfert.

Le Conseiller en chef du Tribunal militaire.

Annotations manuscrites:

Le Tribunal de la Feldkommandatur 680 nous informe, selon informations données par la prison de FRESNES, que l´accusé a été conduit, le 8.2.43, vers (illisible). De là il será transféré à la prison de RHEINBACH.
———————————————-
Le Conseiller en chef du Tribunal militaire
auprès du Commandant des Forces Militaires en FRANCE

PARIS, le 20.01.43

CONFIDENTIEL

Concerne: affaire contre ressortissant équatorien Clemente Ballén de Guzmán en raison de collusion avec l´ennemi, etc.

Jugement du tribunal militaire de l´État-major 680

Du 03.06.42 – ST. L.I: numéro 131/42
du Tribunal de Chef de l´administration militaire, section A
à St. Germain
au Tribunal du Chef de l´ État-major 680
à MELUN

1) du fait que le Maréchal KEITEL, dans sa décision du 20.7.1942, n´a pas ordonné que l´accusé purge sa peine dans une prison allemande sans aucun contact avec l´extérieur, celui-ci n´est pas soumis aux directives de l´Article  IX de la jurisprudence 2. DVO concernant les applications du 7.12.1941. Par conséquent, un droit de visite peut être accordé à ses proches.

2) selon les directives de l´article II de la loi OKW du 13.5.42 (HM.S.239, numéro 433)  et modifications annexes, l´accusé doit être, à présent, transféré dans une prison allemande. Un rapport du transfert vers la prison concernée est à nous adresser.
Le Conseil Supérieur du Tribunal militaire

1ère annotation (en haut à gauche)

Le Tribunal de l´ État-major 680 nous fait part, selon les informations de 70ème Gef. Fresnes, que le prisonnier a été transféré le 8.2.43 à Karlsruhe. À partir de là, il sera conduit à Rheinsbach. La confirmation de l´arrivée ne nous est pas encore parvenue.

2ème annotation (en bas à gauche)

Illisible

3ème annotation (en bas à droite)

à présent, le dossier a été envoyé pour saisie du patrimoine. Dès son retour, nous en rapporterons.
15.3. Fa.
Note manuscrite
1ère remarque:
Selon conversation téléphonique du Tribunal se trouvant au campement militaire en France (nord-oues) -Schweighouse- les dossiers sont encore en possession du chef de l´intendence de l´État-major de nord-ouest de la France. Clemente Ballén de Guzmán doit être déjà en prison à Rheinsbach.
Un rapport est à dresser au Tribunal 680 dès que les dossiers seront retrouvés.
Les dossiers ont été réclamés.
2. Présenté.
15.4.43
FURTMEIER
Annotation:
Selon conversation téléphonique, Ballind se trouve dans la prison de Rheinbach depuis le 18.2.43 jusqu´au 3.6.54 pour purger sa peine.
HENSELER
15.4.43

Clemente Ballén de Guzmán est un témoin essentiel de l´amitié franco-équatorienne et, pour les 130 ans de sa naissance (1888-2018) ou les 50 ans de son décès (1968-2018), il devrait faire l´objet d´un hommage bien mérité de la part de l´Équateur et de la France. Pour conclure sur ce point, rappelons cette citation de A. Darío Lara, son divulgateur:

«… sans négliger les titres qu´il a obtenus comme défenseur de la France lors de la Première Guerre mondiale et, plus encore lors de la Seconde, où il connut l´inhumanité de la Gestapo, la sentence de mort et la prison en Allemagne; pour toutes ces raisons, la mairie de Guayaquil, le gouvernement de l´Équateur feraient bien d´intervenir auprès des autorités françaises, particulièrement les mairies de Fontainebleau et de Montmartre,  pour que le nom de cet illustre Équatorien ne soit pas oublié et là où il a vécu, à  Fontainebleau ou à Montmartre, au moyen d´une plaque commémorative, une sorte d´hommage public lui soit rendu. Le devoir des autorités équatoriennes est d´offrir à la jeunesse de notre pays de si brillants exemples, comme celui qu´a donné de son vivant le notable Guayaquilénien, Clemente Ballén de Guzmán, sans oublier celui de son père, au service de l´Équateur en tant que Consul à Paris, ami et collaborateur de l´illustre Président Antonio Flores Caamaño et, surtout, grand mécène de Juan Montalvo» (1).
(1) Idem. Nota 5; p.77.

Annexe 1: DÉCRET No 373 DU 22 JUILLET 1944 PUBLIÉ AU REGISTRE OFFICIEL: Déclaration du 14 juillet 1944, Fête civique équatorienne

(JOURNAL OFFICIEL numéro 44-22 juillet 1944, p. 291)**
 
JOSE MARÍA VELASCO IBARRA,
Président de la République,
Dans l’exercice du pouvoir qui lui a été confié,

Considérant:

Dans le contexte actuel de chaos et de confusion de la culture humaine, la seule lumière à suivre est la déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen;
Malgré la lutte des idéologies, l’Humanité va vers l’affirmation de l’individu, avec ses droits, ses prérogatives économiques et spirituelles, ses devoirs de solidarité et d’effort;
C’est à la France et à la Révolution Française que l’Histoire doit la proclamation passionnée, universaliste et héroïque, des Droits des citoyens et de la dignité de la personne, proclamation que le monde a mis plus d’un siècle à scruter comme il se doit et qui aujourd’hui constitue l’unique drapeau de reconstruction d’un monde en proie aux ténèbres idéologiques:

Décrète:

Art. 1 – Est déclaré le 14 juillet 1944 Fête civique équatorienne en hommage à la France immortelle et comme preuve d’attachement à la France qui à ce jour lutte contre ceux qui cherchent à ériger la conquête barbare et l’infamante cruauté en système politique;
Art. 2 – Parce que l’Équateur a besoin de travailler pour organiser sa destinée et réguler sa vie, les activités nationales seront maintenues le 14 juillet, mais que ce décret nous permette d’élever notre pensée pour servir les grands idéaux de l’humanité;
Art. 3 – Les Ministres de l’Intérieur, des Affaires Étrangères, de l’Éducation Publique et de la Défense Nationale, sont responsables de l’exécution de ce Décret.
Fait au Palais National, à Quito, le 13 juillet 1944.
J.M. Velasco Ibarra

Le Ministre de l´Intérieur

A. Plaza Sotomayor
Le Ministre des Affaire Étrangères
C. Ponce Enríquez
Le Ministre del´Éducation Publique
Carlos R. Sánchez
Le Ministre de la Défense Nationale
Carlos Mancheno C.
En copie le Sous-secrétaire du Gouvernement
J.R. Terán R.

** Décret traduit par Fanny Pagès, Directrice culturelle de l’Alliance Française de Quito et l’auteur.

Annexe 2: ARCHIVES DÉPARTEMENTALES FONDS BALLÉN DE GUZMÁN (extraits)

… Clément Ballén de Guzman fait ses études au collège Carnot, à Fontainebleau et s’y installe. Artiste doué dans de nombreux domaines, conférencier de talent, Il fonde La Voix de la Forêt et anime de multiples sociétés locales. Passionné de chasse à courre, membre de l’équipage Vernhes-Lebaudy, il s’intéresse à la protection de la forêt de Fontainebleau, qu’il appelle «la grande sylve», où il organise les premiers ramassages de détritus «rallye papiers gras», à cheval puis à pied. Très actif, pendant plus de 50 ans, dans l’association des Amis de la Forêt, il en devient tout naturellement, secrétaire puis président (1960). Il y crée la section des secouristes forestiers. Il est aussi président (1940-) du Syndicat d’initiative, où il développe le tourisme local, président de la Fédération des syndicats d’initiative de la région parisienne. Il défend efficacement le massif des Trois pignons contre l’autoroute et obtient la modification de son tracé.

Amateur de belles voitures et de vitesse, il est également président (1928) pour la Seine et-Marne de l’Automobile-Club d’Ile-de-France et participe à la création de la Course du Calvaire, course de côtes dont la première épreuve se déroule le 27 septembre 1925 à la Reine-Amélie et se poursuit sur la route de la Croix de Toulouse jusqu’en 1934, année d’un terrible accident, qui y met fin. Il organise aussi des rallyes en ballons, avions ou hélicoptères. Il s’occupe également du Pélerinage des vierges, des madones forestières, avec Adolphe Retté. Il rencontre Gurdjeff au prieuré des Basses-Loges et participe aux séances théosophiques, dans les années 1920. Grande figure de la vie locale, il héberge chez lui le cinéaste Abel Gance lors des mémorables prises de vues de son film Madame Sans-Gêne à Fontainebleau.
Outre ses nombreuses relations, il compte beaucoup d’amis, dont Katherine Mansfield, Béatrice Dussane qui s’occupe du Conservatoire américain, et les habitués du café Mallet ou Grand café (1925-1939) où se retrouvent Georges d’Esparbès, conservateur du palais, les écrivains Courteline, Pierre Mac-Orlan, l’académicien André Rouveyre et André Billy, le peintre Paul Tavernier, l’architecte Albert Bray, etc. Pierre Labric, maire du Vieux Montmartre, devient également son ami lorsqu’ayant appris par un article de presse la mort du dernier plant de sa vigne, il se démène pour obtenir des plants de la Treille du Roy, dont il lui fait don: avec d’Esparbès, ils plantent le nouveau vignoble de Montmartre.
Grand patriote, il donne des conférences en faveur de la France aux Etats-Unis pendant la guerre de 1914-1918. Durant le conflit suivant, dés l’hiver 1940, il crée un centre de renseignements rue A. Barbier, chez Mme Hugot et ses deux filles. Celles-ci sont dénoncées en 1943 et déportées. Membre puis premier chef du réseau des Velites thermopyles, lui-même, arrêté en mai 1942 et traduit devant le tribunal militaire allemand, est condamné à mort. Le préfet Chaigneau, qui sera lui-même arrêté et déporté en 1944, ses amis Michel, pharmacien et résistant à Fontainebleau, et Flon, directeur du Laboratoire de biologie à Melun, réussissent à faire commuer la sentence en détention à perpétuité. Transféré à Rheinbach, près de Cologne, mais indompté, il fonde L’antiboche perfectionné; il est libéré d’Hameln vers mai 1945 et rentre à Fontainebleau, durement éprouvé par sa captivité. Se remettant peu à peu, il reprend progressivement ses diverses activités, parmi lesquelles il ne faut pas oublier peinture et sculpture.
Source:
BIBLIOGRAPHIE:
– A. Darío Lara: Clemente Ballén de Guzmán –un notable guayaquileño condenado a muerte por la Gestapo. Crear Gráfica editores, Quito-Ecuador, 2007.
-Archives départementales de Seine-et-Marne
En langue espagnole:

 

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